Les armées d’Hannibal
Hannibal, dont le génie militaire avait fasciné les Anciens, fit introduire plusieurs réformes qui modifièrent les structures ainsi que la manière de combattre de l’ancienne armée carthaginoise. L’illustre Barcide reçut une double éducation, phénicienne et hellénique, ce qui lui avait permis de découvrir les œuvres stratégiques et tactiques grecques. Tout en appliquant les enseignements de ses prédécesseurs, notamment Pyrrhus et Alexandre, Hannibal modifia néanmoins la structure de l’armée punique, ce qui a permis de transformer l’art de la guerre de son temps.
Le général carthaginois avait compris que pour obtenir d’une armée hétérogène une force efficace, il était nécessaire d’exploiter les caractéristiques des différentes ethnies qui la composaient, et de combiner leur action durant la bataille. Pour atteindre cet objectif, les fantassins libyens furent débarrassés de leurs anciennes piques et équipés d’épées plus adaptées au combat rapproché. Tout en tirant parti de la tradition hellénistique dans l’organisation des armées, Hannibal resta fidèle à l’héritage oriental qui réservait une place de choix à la cavalerie. Cette dernière fut utilisée pour ses capacités offensives et non en tant que corps d’élite, comme c’était l’usage dans les milieux grecs et romains.
Les innovations d’Hannibal éloignèrent l’armée punique des anciens modèles grecs. Complètement modifiée dans sa structure, elle était divisée en « speirai », des unités tactiques mineures comparables aux manipules latines, réunies en formations plus importantes rappelant les légions romaines. Tout en copiant les structures de ses ennemis, le Barcide demeura fidèle à la tactique grecque sur le champ de bataille. Mais là aussi il ne se contenta pas d’être un simple imitateur ; il adopta un dispositif souple occupant le centre (avec des unités légères) et donna plus d’équilibre aux différents détachements, ce qui procura à l’armée entière plus de mobilité ainsi que la capacité de changer de stratégie au cours des affrontements.