Fortifications de Carthage
En débarquant sur les côtes d’Afrique et de la Méditerranée occidentale, les négociants phéniciens étaient mus par des intentions pacifiques. Ils accordèrent donc peu d’importance à la défense de leurs cités, édifiées sur des sites naturellement fortifiés. Ceci explique l’apparition relativement tardive des retranchements, même autour de Carthage, leur principale métropole.
Les fortifications de Carthage
Le siège imposé par Malchus à la capitale phénicienne atteste qu’elle était, fort probablement, entourée de remparts rudimentaires au VIe siècle av. J.-C. Mais les fortifications les plus anciennes qui nous parvinrent sont constituées par quelques retranchements mis au jour sur la bande côtière ; ils remontent à la fin du Ve siècle av. J.-C.
D’énormes fortifications, s’étendant sur 33 km, furent érigées à la veille des guerres Puniques. Une muraille protégeait les abords nord et sud de la ville. Les défenses de l’isthme reliant la presqu’île à la terre ferme étaient formées d’un retranchement de 5 km de large s’ordonnant autour de trois enceintes. La courtine principale, dotée de terrasses et de tours, présentait une épaisseur de trente pieds (9 m) pour une hauteur globale de trente coudées (15 m). Des écuries, pouvant accueillir trois cents éléphants, étaient aménagées au rez-de-chaussée. L’étage comprenait quatre mille anneaux pour les chevaux, des galeries pour le stockage du fourrage et des casernes pour le logement de vingt mille fantassins et quatre mille cavaliers. Ce front, opposé directement à l’ennemi, était, en outre, renforcé de deux fossés (respectivement de 24 m et 5 m de large) séparés par une plate-forme défensive de quatre mètres de large.
Les fortifications du littoral et de l’arrière-pays
Les Carthaginois ne se contentèrent pas de fortifier uniquement leur métropole. Utique et Hadrumetum (Sousse) étaient à leur tour dotées de murailles attestées par l’historiographie antique, mais qui ne nous sont pas parvenues. Les fouilles ont permis la mise au jour de la double enceinte de Kerkouane (Cap Bon). Bien qu’elle fût destinée à protéger une cité moyenne, elle démontre la capacité des Carthaginois à ériger des retranchements efficaces, répondant aux exigences de la porcéotique de l’époque.
Outre la protection des cités, l’État carthaginois s’est préoccupé, également, de la défense du domaine acquis progressivement aux dépens des populations autochtones. Il fut protégé par une ligne « fortifiée » frontalière, dont nous connaissons uniquement les grandes lignes, appelée « Fosses phéniciennes ». Des citadelles et des villages fortifiés s’élevaient, en outre, sur les rivages du Cap Bon et à l’intérieur des terres.
Bien que nous ne saisissions pas dans tous ses détails l’organisation des « Fosses phéniciennes », nous savons que cette ligne protégeait avant tout les terres annexées par Carthage en Afrique. Ce domaine était formé, à la veille de la seconde guerre Punique, par les grandes plaines de la moyenne vallée de la Mejerda (La Chôra Thusca), le Byzacium (le Sahel et une partie du Kairounais), les plaines de l’Oued Méliane, la basse vallée de la Mejerda et le Cap Bon. Il est difficile de suivre les contours occidentaux et méridionaux de cette frontière. Au Nord, elle ne dépassait guère l’actuelle Tabarka ; son point extrême sur la côte sud était situé à Thanae (Tina) aux environs de Sfax.
Les fortifications du littoral capbonais, ainsi que celles des régions intérieures, furent identifiées grâce à l’archéologie. Le système défensif de la presqu’île s’organisait autour de la citadelle de Kélibia (Aspis). Ses approches étaient renforcées par les forts de Ras al-Drek, de Haouaria et de Ras al-Fortas