Participation de l’armée nationale au maintien de la paix dans le monde
Le Congo (1960-1963)
À la suite de l’indépendance du Congo et du départ des troupes belges (30 juin 1960), les forces armées et des unités de la sécurité intérieure se rebellèrent contre le nouveau pouvoir et s’emparèrent de la province du Katanga, riche en ressources minières. La Belgique est intervenue alors, de nouveau, sous prétexte de protéger les Européens. Les autorités congolaises ont considéré cette entreprise comme une ingérence flagrante dans leurs affaires intérieures, ainsi qu’un viol des accords conclus entre les deux pays (29 juin 1960) et déposèrent une plainte auprès des Nations unies.
Lors de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité (9 août), le représentant de la Tunisie demanda le départ des forces belges. Une exigence exaucée par l’adoption d’une motion stigmatisant cette intervention, assimilée à une agression. Au cours de la seconde réunion (14 août), la Tunisie proposa aux membres du Conseil de remplacer l’armée belge par des troupes africaines et asiatiques supervisées par l’instance onusienne.
Une mission militaire tunisienne, forte de 2261 soldats entièrement équipés, fut envoyée aussitôt. Elle a été chargée de la sécurité de la province de Kasaï, de la ville de Mbanza et de Léopoldville. Dans la capitale, elle a pris position dans des endroits stratégiques, comme l’aéroport d’Anjli et le siège du parlement local, aux abords des résidences des principales personnalités militaires et civiles. Ces soldats rentrèrent au pays au début de juillet 1961, à la suite du déclenchement de la bataille de Bizerte.
La seconde mission, forte de 1100 soldats, fut envoyée en janvier 1962. Ce régiment fut chargé de la protection du camp de réfugiés d’Elisabethville contre les attaques des Katangais. Il devait également assurer le retour des fuyards dans leurs villages et contribuer à la réintégration de la province rebelle.
Outre ces tâches purement militaires, les deux missions participèrent à l’aménagement des routes et des chemins de fer, des réseaux électriques et des adductions d’eau. Elles étaient secondées par une équipe médicale qui dispensait ses soins aux réfugiés malades et allégeait leurs souffrances.
Le contingent retourna au pays le 7 mars 1963. La compétence des deux missions, vantée en premier lieu par les dirigeants congolais, apporta à la Tunisie davantage d’estime et de rayonnement international.
Le Sahara occidental (1991-1997)
L’organisation onusienne fut sollicitée pour le maintien de la stabilité dans cette région du Maghreb, à la suite de l’accord entre le Maroc et le Front démocratique sahraoui sur un cessez-le-feu et l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination (1991). L’attachement de la Tunisie aux principes des Nations unies et aux valeurs de la paix l’a poussée à envoyer neuf officiers-observateurs (27 septembre 1991). Quarante six officiers assurèrent, à tour de rôle, cette mission jusqu’en 1997.
Le Cambodge (1992-1993)
La guerre civile qui déchira le Cambodge pendant plus de vingt ans (1970-1991) causa la destruction des infrastructures du pays et de son économie, et laissa des milliers de victimes et de déplacés. Elle s’est terminée par la signature, par les belligérants, de l’accord de Paris (23 octobre 1991) appelant à des arrangements sous la conduite des Nations unies.
Deux officiers supérieurs tunisiens participèrent à la mission préparatoire (22 novembre 1991). À la demande de l’organisation onusienne, le Président
de la République décida de dépêcher dans ce pays un contingent militaire de 850 hommes, le 1er avril 1992. À côté de ces éléments, la mission comprenait seize observateurs, postés aux frontières, et cinq experts civils. Onze membres de la police militaire, trente gardes nationaux et policiers (officiers et agents) renforcèrent également les rangs de la police civile internationale.
Dès son arrivée, le contingent tunisien avait pris position dans treize camps du neuvième secteur ouest (provinces de Kompong Cham et de Pursat), long de 240 km et large de 130 km. Huit de ses cadres faisaient partie de l’état-major international. Il devait assurer le désarmement des groupes armés, la protection des agglomérations, des camps de réfugiés et des installations internationales, et veiller au bon déroulement des élections. La mission a soigné, également, plus de 10 000 Cambodgiens et a participé activement à la relance de certains secteurs économiques et sociaux, en aménageant des écoles et des ouvrages hydrauliques.
La mission, dont les derniers membres regagnèrent le pays le 23 septembre 1993, fut une réussite totale, un succès rehaussé par le témoignage du général australien Sandersen, haut commandant des troupes onusiennes, qui déclara qu’il était « fier de la prestation des forces tunisiennes », et que « la Tunisie a le droit d’être fière de ses fils ».
La mission militaire tunisienne au Cambodge
(25 mai 1992 – 14 août 1993)
Le contingent tunisien avait pour tâche d’assurer la sécurité des installations des Nations unies et de rapatrier ses cadres en cas de nécessité. Il devait également veiller à la protection des camps de réfugiés et des convois humanitaires. La mission a réparé et a réaménagé vingt-cinq ponts, deux stations de pompage d’eau, deux écoles et un crématoire. L’équipe médicale a assuré une vingtaine de consultations, au profit des civils, par jour. D’autres militaires se chargèrent de dispenser des cours de français, d’anglais et de conduite.
La Somalie (1993-1994)
Au début des années quatre-vingt- dix, la Somalie a connu une grave crise économique et sociale (famine, épidémies) ayant abouti au renversement du président Siad Barré par l’homme d’affaires Mohamed Mehdi et le général Mohamed Farah Idid. Leurs rivalités firent sombrer le pays dans une guerre civile où chaque chef de guerre cherchait à marquer son territoire. La résolution onusienne n° 794 (décembre 1992) proposa deux étapes pour résoudre cette crise. La première consista à former une force internationale (provenant de trente pays), dirigée par les États-Unis d’Amérique, destinée à protéger la distribution de l’aide humanitaire et les mouvements des équipes médicales luttant contre les épidémies. La seconde, sous contrôle onusien, était destinée à aider les Somaliens à former un gouvernement provisoire (mai 1993).
La mission tunisienne (janvier 1993 – février 1994) était composée de cent quarante trois militaires, un médecin, un pédiatre et un dentiste. Les soldats furent chargés d’assurer la sécurité de l’université de Mogadiscio, la plus grande base logistique des forces multinationales. L’équipe médicale gagna très vite la confiance des organisations internationales. Elle fut dotée des équipements nécessaires et participa, sous l’égide de l’Unicef, à la vaccination de 6000 enfants et 2500 femmes.
La mission militaire tunisienne en Somalie
(13 janvier 1993 – 7 avril 1994)
Elle assura la sécurité de la base logistique et des entrepôts onusiens (université et aéroport de Mogadiscio). Son équipe médicale mena une grande campagne de vaccination visant les enfants et les mères.
Le Rwanda (1993-1995)
Au début des années quatre-vingt- dix, une terrible guerre civile éclata au Rwanda. Elle opposa les deux principales ethnies : les Hutus qui dominaient les forces gouvernementales et les Tutsis, déplacés vers les pays voisins et emmenés par le Front national rwandais. Cette tragédie s’est terminée par la signature d’un accord de paix et la formation d’un gouvernement transitoire (4 août 1994) sous l’égide de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A).
Le 6 septembre 1993, cent trente deux militaires issus de cinq pays africains (60 Tunisiens) furent envoyés comme observateurs dans ce pays sinistré. Cette tâche fut par la suite confiée aux Nations unies, conformément à la résolution 872 qui stipula le recours à un contingent fort de 2500 hommes. La mort du président rwandais, suite à un accident d’avion (6 avril 1994) plongea le pays des Grands lacs de nouveau dans l’anarchie. La mission tunisienne était constituée de six compagnies (826 soldats) qui se déployèrent dans le Nord-Ouest du Rwanda. Elle était renforcée par dix officiers observateurs et onze éléments de la police militaire. Sept officiers opéraient sous commandement onusien. Ce contingent formait la seconde force africaine, après celle du Ghana.
Les troupes tunisiennes devaient veiller à la sécurité des camps de réfugiés et des convois d’aides humanitaires, ainsi qu’à l’application du cessez-le-feu. L’équipe médicale a, de son côté, pris en charge beaucoup de malades et de blessés. Cette participation a valu au contingent tunisien les remerciements officiels des Nations unies ; son commandant fut, en outre, promu adjoint du commandant général des forces onusiennes après le retour des troupes à Tunis.
Le Burundi (1994)
Quatre officiers et un sous-officier firent partie de la cellule de commandement du groupe militaire africain envoyé dans ce pays (9 janvier 1994), afin d’assurer la sécurité des membres du gouvernement et des autres personnalités politiques.
La Namibie (1994-1977)
Deux officiers tunisiens participèrent à la mission des observateurs internationaux chargés de garantir le bon déroulement des élections dans ce pays.
Haïti (1994-1995)
Deux officiers tunisiens participèrent, en tant qu’observateurs, au sein des forces internationales durant la période allant du 16 décembre 1994 au 31 mai 1995.
Les Iles Comores (1997-1998)
À la suite de la détérioration de la situation dans les Comores, la Tunisie y a envoyé, sous l’égide des Nations unies, un groupe d’officiers et de sous-officiers, comme observateurs.
La mission militaire tunisienne au Rwanda
(6 septembre 1993 – 13 juillet 1994)
(7 septembre 1994 – 9 juillet 1995)
Le contingent tunisien était chargé du contrôle de la zone démilitarisée, à l’intérieur de laquelle il devait assurer, tout particulièrement, la sécurité des déplacements des diplomates et des personnalités gouvernementales, ainsi que celle des lieux de réunions des chefs des belligérants.
L’Éthiopie et l’Érythrée (1977-1978)
Le contingent onusien, chargé de l’application des accords du cessez-le-feu entre ces deux pays africains, comptait six officiers observateurs tunisiens.
Le Kosovo (1999)
Afin de venir en aide aux musulmans du Kosovo, victimes d’une campagne d’épuration ethnique, une mission médicale militaire, composée de médecins, de pharmaciens et d’infirmiers, fut envoyée en Albanie (avril-juin 1999).
Le Congo Démocratique (2000-2006)
En 1994, la situation s’est de nouveau détériorée au Congo, à cause de l’affluence d’un million de réfugiés rwandais, fuyant la guerre civile, qui s’installèrent dans la région frontalière orientale. Le renversement du gouvernement central par les Forces démocratiques du Congo (1996) aggrava cette précarité et déclencha une guerre civile qui fit rage jusqu’en 1999. Le Conseil de sécurité décida, à son tour, de déployer une force de maintien de la paix destinée à faire respecter le cessez-le-feu entre les belligérants, organiser le départ des forces étrangères et fournir une aide humanitaire aux populations sinistrées.
Vingt sept officiers (observateurs) précédèrent (février 2000) une unité de 220 soldats (mai 2001) qui s’installa dans la capitale Kinshasa. Elle s’est chargée de la sécurité du siège du commandement central de l’O.N.U et de sa base logistique, ainsi que du périmètre réservé à l’organisation onusienne dans l’aéroport de la métropole congolaise.
Le 15 octobre 2003, cette unité fut renforcée par deux cent dix autres militaires destinés à la protection rapprochée des deux vice-présidents de la République et des délégations des partis de l’opposition. Une équipe médicale veillait à la santé des deux cents cadres onusiens.
Sur décision du Président de la République, la mission tunisienne était inspectée tous les mois par le commandement militaire, afin de soutenir le moral des troupes et de s’assurer des conditions de leur séjour dans ce pays africain.
Les missions militaires au Congo démocratique (2000-2006)
Des officiers observateurs (27) puis deux contingents (220 puis 210 militaires) furent successivement envoyés au Congo en 2001 et 2003. Ces derniers devaient assurer la sécurité du siège du commandement central des forces de l’O.N.U. et de sa base logistique et protéger les délégations des partis de l’opposition.